LE ROYAUME DE Xɔgbonu

Caricature du rauyaume de Dahomey

L’histoire de Porto-Novo que je m’en vais vous raconter est celle que sa majesté Houézè Holou Tê Houéyi  Migan XIV a partagée avec moi.

Selon les coutumes, il fallait attendre trois lunes (1) avant d’annoncer publiquement le décès du roi et faire les rites funéraires royaux. Après la mort de Tê Kpoton, les enfants de Aboukpo (Tê Agbanlin), avec la complicité de certains courtisans, profitèrent de cette période pour élire un roi en leur sein. Les Houézènous (2), considérant les liens maternels qui les unissaient aux enfants de Aboukpo, prirent leur mal en patience.

Après les cérémonies funèbres de Tê Kpoton, les Houézènous élurent leur roi sous le nom de Tê Mènou : ce nom fait allusion au conflit du pouvoir qui les opposait aux enfants de Aboukpo. Cette situation demeura un certain temps.

Le Allada Holou ne pouvait exercer aucun pouvoir. Voyant que ce conflit pouvait entrainer de graves conséquences, des sages tentèrent une conciliation. Il fut convenu donc que Tê, dénommé Migan, resterait suprême puisque la peine capitale pour n’importe quel inculpé émanerait de lui. Libre à lui de condamner ou de gracier. Il était roi des Houézènous et sujets et le resterait toujours. Il administra plus de la moitié du territoire de Xɔgbonu et resta maître suprême du droit domanial de son territoire. Ce dernier est matérialisé jusqu’à ce jour par la famille Nonvito, installée à la frontière  des deux parties et qui assura la non violation des limites.

Houézè Holou Tê Migan fut appelé plus tard « oga n’la ». C’est le nom que prit le quartier qui abrite aujourd’hui l’Assemblée Nationale, domaine où résidèrent les Houézènous et où l’administration coloniale bâtit le palais du gouverneur. Le Allada Holou, quant à lui, prit le commandement du territoire qui partait de la limite de Tê Migan jusqu’à l’Est. Il eut pour résidence Aklon.

Une lune passa. Dê Hakpon envoya une délégation à Tê Menou pour lui demander la faveur de transmission de pouvoir, comme cela s’était passé à Allada pour Dê Kokpon. Tê Menou, toujours conciliant, avisa ses sujets. Au jour fixé, cette transmission de pouvoir s’était effectuée à Tôgô et avait été renouvelée après chaque intronisation des Allada Holou. Cependant, les conclusions de cette conciliation furent peu à peu violées par chaque élu Allada Holou, principalement par Dê Gbégnon, le premier à être inhumé sur le territoire du Tê, au palais royal. De nos jours encore, chaque élu Allada Holou tend à ignorer Houézè Holou Tê Migan et tous les pouvoirs et privilèges qui lui reviennent à Xɔgbonu.

Par ailleurs, il est aussi très important de signaler que le Migan de Xɔgbonu est différent de celui d’Agbomɛ (Abomey). Après que Tê Zodji eut consulté le sable et convenu que c’était bien celui de la terre qu’il cherchait, ses sujets poussèrent un ouf de soulagement en proclamant tɛ migan (père, nous sommes sauvés). C’est donc un surnom porté par le chef de file des Houézènous qui quittèrent Hinvi pour l’actuel territoire de Xɔgbonu. Cela n’a absolument rien à voir avec le migan ministre nommé par le roi du Danxomɛ, qui avait aussi le rôle de bourreau. Attention donc à ne pas confondre les deux migan.

Selon sa majesté  Houézè Holou Tê Houéyi  Migan XIV, le vrai fondateur du royaume de Xɔgbonu est donc Tê Zodji.

                                                                                                                                                          A suivre…

  1. Les cérémonies traditionnelles suivent le calendrier lunaire
  2. Littéralement « gens venus d’Orient » – Voir BC Juin 2020

Article by Christian Aguessy

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