BENIN – 60 ANS D’INDEPENDANCE

60 ans d'indépendance

L’année 2020, année très particulière pour nous tous, est placée sous le signe des 60 ans d’Indépendance de notre beau pays. Dix-sept pays d’Afrique, dont le Bénin commémorent cet événement cette année également.  Malheureusement au vu de la situation actuelle, le cœur n’est pas à la fête mais ce n’est que partie remise pour la fin de l’année on l’espère !

Ce dossier spécial sera divisé en trois parties : un retour rapide sur l’histoire générale de notre pays (extrait du site officiel du la Présidence de la République du Bénin), quelques témoignages extrait des Cahiers de la Fondation Zinsou « Raconte-moi l’Indépendance » et enfin un focus sur les fondamentaux (Hymne, drapeau, devise).

Il était important pour nous d’évoquer dans Bénin Couleurs les moments marquant l’histoire du Bénin depuis son indépendance. Effectivement, depuis la création de notre magazine nous vous comptons l’histoire du Dahomey avant 1960 au travers de notre rubrique Authentique Bénin. Petite fenêtre plus récente sur l’histoire de notre pays.

Sommaire

Une politique mouvementée

Des témoignages poignants

Nos fondamentaux

SOURCE

https://presidence.bj/

http://dahomeyarchives.blogspot.com/

60 ANS D’INDEPENDANCE

UNE HISTOIRE RICHE EN BOULEVERSEMENT

Proclamé République le 4 décembre 1958, le Bénin a accédé à la souveraineté internationale le 1er août 1960, sous le nom du Dahomey. Le pays est connu pour « l’exemplarité » de son processus démocratique entamé en février 1990, suite à la Conférence nationale des forces vives. Depuis lors, plusieurs élections présidentielles, législatives et locales ont sanctionné la dévolution du pouvoir politique.

Le 1er août 1960 : Déclaration d’Indépendance

« Le 1er août 1960 à zéro heure, du haut de la terrasse du palais du Gouvernement à Porto-Novo, Hubert Maga proclame l’Indépendance du Dahomey :« Je proclame solennellement l’Indépendance du Dahomey ce lundi 1er août 1960 en présence des représentants de la République Française, des chefs des États de l’Entente, de nos invités, des ministres du Gouvernement dahoméen, des parlementaires, des personnalités et de toute la population.

Dans la semaine qui commence, les quatre États du Conseil de l’Entente vont accéder à l’Indépendance. Le Dahomey est heureux et fier d’être le premier à exercer pleinement sa souveraineté interne et externe. C’est pour nous un jour d’allégresse, jour qui consacre l’union de tous les enfants de ce pays pour la paix et la fraternité, jour qui marquera un nouveau pas en avant de l’Afrique vers un avenir meilleur.»

Au lendemain de l’indépendance, le Bénin connaît une histoire politique mouvementée. Les douze premières années sont marquées par une instabilité chronique, les anciennes élites coloniales se disputant le pouvoir. En 1963, l’armée force Hubert Maga, premier président du Dahomey indépendant, à démissionner ; quatre coups d’État sont perpétrés durant les six années qui suivent. En 1970, un Conseil présidentiel de trois membres prend le pouvoir, suspend la Constitution et ses membres assument alternativement la présidence.

En 1972, le commandant Mathieu Kérékou destitue le Conseil présidentiel et devient le chef d’un État auquel il donne une orientation marxiste-léniniste. En 1975, pour réduire le poids politique du Sud, le nom de Dahomey est symboliquement abandonné pour celui de Bénin. Kérékou interdit le vaudou. Une nouvelle Constitution, instaurant un régime à parti unique, est promulguée en 1977. Le pays fut drapé d’une chape dictatoriale.

Élu président par l’Assemblée nationale révolutionnaire en 1980, réélu en 1984, Mathieu Kérékou échappe à trois tentatives de coup d’État en 1988. Durant les années 1980, la situation économique du Bénin ne cesse de se dégrader, tandis que se durcit la répression antidémocratique. En 1987, un plan du FMI impose des mesures drastiques. Les troubles sociaux et politiques conduisent Mathieu Kérékou à renoncer à l’idéologie marxiste-léniniste et à accepter l’instauration d’une Conférence nationale, réunissant les représentants des différents mouvements politiques.

Le temps du Renouveau démocratique, consacré par cette grand-messe des forces vives de la Nation, est toujours en cours. Du 19 au 28 février 1990, la Conférence nationale réunit plus d’un demi-millier de délégués des différentes composantes du pays à l’hôtel PLM Alédjo sous la présidence de Monseigneur Isidore de Souza.

Ce gouvernement de transition, mis en place en 1990, ouvre la voie au retour de la démocratie et du multipartisme.

Le 11 décembre 1990, une nouvelle loi fondamentale, celle de la Ve République, fut promulguée après son adoption par voie référendaire. Elle reflète bien les décisions de la Conférence nationale. Elle a pour trame la démocratie et l’État de droit. Elle opte pour un régime républicain présidentiel avec séparation des trois pouvoirs : l’exécutif, le législatif, et le judiciaire.

Le Bénin manie alors les alternances politiques : Nicéphore Soglo, Mathieu Kérékou, Boni Yahi et enfin Patrice Talon, Président de la République du Bénin depuis le 6 avril 2016.

60 ANS D’INDEPENDANCE

ILS Y ETAIENT …

La Fondation Zinsou pour l’anniversaire des 50 ans d’Indépendance du Bénin en 2010 a organisé une exposition documentaire dénommée « Raconte-moi l’Indépendance». Elle avait pour vocation d’ouvrir une fenêtre sur le passé en évoquant les moments marquant l’histoire du Bénin au travers notamment de témoignages de personnes connues et moins connues. Retour sur ces témoignages poignants : « Comment avez-vous vécu le 1er août 1960 ? »

Charles Karam – Commerçant, fils d’expatriés d’origine libanaise, né le 11 avril 1939 à Porto- Novo.

« J’étais là à applaudir, à vivre la descente du drapeau sous les pleurs… C’était vraiment très émouvant de voir tous ces administrateurs français, quand on ramenait le drapeau français à minuit moins une, pleurer quand il a été plié. Et quand ils ont pris le drapeau dahoméen vert avec les deux bandes jaune et rouge, cette immense clameur qui est montée à minuit et le leitmotiv «Ablodegbaja» qui signifie Indépendance, Liberté. Ah ! Il y avait l’hymne ! On ne le connaissait pas. Il a été repris alors sur le papier. Les officiels sont rentrés au palais des gouverneurs qui était devenu le palais de la présidence et le gouverneur en a passé les clés. Il y avait un bal populaire avec tellement de monde … C’était un élan de joie, une ferveur populaire très profonde.»

Jérôme Carlos – Historien et journaliste de formation, né le 30 septembre 1944 à Porto-Novo, il est aujourd’hui directeur de la radio privée Capp FM.

«J’étais à Porto-Novo, j’avais 16 ans et nous étions dans l’action, parce qu’on nous avait annoncé que le Président Maga allait prononcer le discours de l’Indépendance, et qu’il allait proclamer l’Indépendance accompagné de 101 coups de canons. C’était bien préparé. Et le discours devait se faire à partir du palais du gouverneur. Le gouverneur français se retirait, et les nouvelles entités béninoises allaient, en tout cas au pied levé, prendre la place des anciennes autorités. Et à minuit, on a entendu la voix du Président Maga. La place était noire de monde, et on entendait ce discours qui s’égrainait. Et on se posait des questions. Ça a été aussi facile ce qui nous avait paru si dur ? Parce qu’on nous disait qu’ailleurs il y avait eu du sang, il y avait eu des guerres, et voilà que nous nous engagions dans un processus qui nous ouvrait les voies royales de l’Indépendance. Et à la fin du discours effectivement ça a été des coups de canons. Après que la foule se soit dispersée, c’était la fête dans les maisons et la tristesse aussi pour certains. On s’engageait dans une voie où les horizons n’étaient pas aussi clairs qu’on voulait l’affirmer. Les sentiments étaient mitigés mais pour moi en tout cas, nous étions heureux, nous étions contents. Et ça correspondait tout à fait à notre choix. On se disait qu’il fallait encore mieux nous engager même si on devait rencontrer des difficultés, plutôt que de continuer à honorer un système que nous avions sorti de nos têtes depuis longtemps.»

Emile Derlin Zinsou

«Le 1er août à zéro heure dans la cour du palais des gouverneurs à Porto- Novo au cours d’une grande manifestation, Maga a proclamé l’Indépendance du pays, j’avoue que quelque chose de poignant a habité tous les esprits. Je crois que tout le monde communiait en cet instant-là. Il y avait quelque chose de féerique, de fascinant dont on ne mesurait pas toutes les conséquences mais qu’on trouvait formidable. J’étais dans l’opposition par rapport au gouvernement Maga de l’époque et je n’ai pas été convié aux manifestations; je suis quand même le lendemain, allé à la manifestation en tenue locale. Pour la première fois, on me voyait en tenue locale d’Abomey. J’avais mon grand pagne, mes sandalettes et ma culotte bouffante et j’étais à la fois heureux, mais pour tout dire, un peu inquiet. Peut être inquiet est trop dire, mais j’avais quand même un pincement qui me disait : «allons nous pouvoir ?». Je m’interrogeais. Je me suis battu pour mais le moment où c’est arrivé, non pas que j’étais contre, mais je m’interrogeais sur notre capacité de bien l’assumer. «Est-ce que nous serons dignes de ce que nous venons d’obtenir ?».»

Isabelle Tévoéjdrè – Professeur de Lettres à la retraite, née en 1930 à Porto-Novo. Epouse d’Albert Tévoédjrè, Médiateur de la République du Bénin, elle est notamment très engagée dans la lutte contre l’excision.

«C’était vraiment dans l’enthousiasme, c’était presque indescriptible, on ne peut pas le décrire parce qu’on avait tellement d’enthousiasme, il y avait des rêves fous, on accaparait toute la liberté, tout ce que l’on n’avait pas pu avoir jusqu’à présent ! On avait tellement de rêves dans la tête ! On avait tellement de projets, on avait tellement de choses, parce que vraiment c’était notre premier Président de la République, c’était quelqu’un ! D’avoir nous-mêmes un Président de la République !»

Gratien Pognon – Diplomate à la retraite, né le 18 décembre 1935 à Adjara, il fut conseiller à la diplomatie du Général Mathieu Kérékou et secrétaire général adjoint de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) fondée en 1963.

«Maga que je connaissais presque intimement, à chaque fois que j’écoutais ce discours, je me disais qu’il ressentait réellement l’Indépendance.
Je sentais qu’il était converti. Je sentais que le peuple qu’il y avait sur cette esplanade et celui qui était à la radio et à la télévision ; tous étaient pour l’Indépendance. On ne savait pas quelle aventure ce serait, mais on était pour.»

Jean Pliya – Célèbre écrivain, né le 21 juillet 1931 à Djougou, ayant consacré l’essentiel de sa carrière à l’enseignement de la géographie dans différents pays. Rentré à la veille de l’Indépendance au Bénin, il a participé à la vie politique et administrative de son pays. Il fut directeur de cabinet du Ministre de l’Education et de la Culture en 1961 puis Ministre de l’Information et du Tourisme du Président Hubert Maga.

«Il fallait aller voir la consécration, la proclamation de cet évènement majeur. Ce qui était significatif pour moi, c’est que c’était devant le palais des gouverneurs – qui avait été à un moment donné le centre du parlement à Porto-Novo -, que l’Indépendance allait être proclamée. Donc on sentait vraiment qu’il y avait un changement. C’est là qu’un hymne national a remplacé l’hymne de la République française, «La Marseillaise». Alors, «La Marseillaise» est partie, la béninoise est née. Alors je dis il y a un changement dahoméen. Ce jour-là, vous comprenez qu’il y avait une certaine fièvre. Quand vous entendez les canons résonner comme pour les grands évènements, vous dites : «Houn ! Ça y est vraiment. Le jour ‘’J’’ est arrivé.» Le jour de gloire est arrivé, chantaient les français.

C’était le jour de naissance et de gloire pour nous.»

Robert Dossou – Juriste de formation né en 1939 à Cové, Président du Comité National Préparatoire de la Conférence Nationale (décembre 1989-février 1990), il fut également Ministre sous les mandats de Mathieu Kérékou (1989 – 1991) et Nicéphore Soglo (1993 – 1995).

«Le 1er Août 1960, j’étais à Paris. J’étudiais à Bordeaux mais quand les vacances sont arrivées je suis allé passer l’été à Paris et j’ai des amis qui étaient aussi venus à Paris dont mon frère aîné. On a constitué une petite équipe, on était au nombre de cinq ou six copains et la nuit du 31 juillet au 1er août nous l’avions passée au rond point des Champs Elysées dans une boîte de nuit qui s’appelait «le club écossais» ; je ne sais pas si ça existe toujours mais il faudrait que j’aille vérifier si je fais un tour à Paris. Nous y avions passé la nuit du 31 au 1er, on a dansé, on était fiers, contents.»

Albert Tévoédjrè – Haut fonctionnaire international né le 10 novembre 1929 à Porto-Novo, il devient secrétaire d’état à la Présidence de la République puis Ministre de l’information sous le mandat de Hubert Maga. Invité à participer à la conférence des Forces Vives de la nation, il a été chargé d’en présenter le rapport général. Aujourd’hui, le professeur Albert Tévoédjrè occupe la fonction de Médiateur de la République du Bénin.

«J’étais à Porto-Novo, dans les jardins du palais de la République d’aujourd’hui, le 31 juillet à minuit. La France était représentée par le Ministre d’Etat Louis Jacquinot, et le Président, Hubert Maga a proclamé l’Indépendance devant nous tous. Nous avions les larmes aux yeux. C’était à minuit. J’étais présent. Nous avons bien sûr applaudi, pleuré, bu du champagne etc… C’était remarquable. Il était entouré en ce moment-là des autres chefs du Conseil de l’Entente; Houphouët-Boigny, Hamani Diori, Maurice Yameogo…»

John Igué – Ancien professeur de géographie à l’Université d’Abomey Calavi (UAC), né en 1945 à Savé. Ancien Ministre de l’Industrie et des PME du Président Mathieu Kérékou. Il est aujourd’hui directeur scientifique du Laboratoire d’Analyses Régionales et d’Expertises Sociales (LARES).

«Avec les radios de rien du tout, nous étions agglutinés autour pour écouter surtout notre hymne national. Les gens disaient que nous avions le meilleur hymne national. On voulait l’écouter, et on a applaudi et puis on s’est mis à fêter.

60 ANS D’INDEPENDANCE

NOS FONDAMENTAUX 

Notre hymne

L’hymne national de la République du Bénin est l’Aube Nouvelle. Il a été écrit et composé par l’abbé Gilbert Jean Dagnon, et adopté à l’indépendance de la République du Dahomey en 1960. Après que le Dahomey soit devenu la République populaire du Bénin en 1975, l’hymne national a été conservé, mais les mots « Dahomey » et « Dahoméen » ont été respectivement remplacées par les mots « Bénin » et « Béninois ».

Refrain

Enfants du Bénin, debout !
La liberté d’un cri sonore
Chante aux premiers feux de l’aurore;
Enfants du Bénin, debout !

Jadis à son appel, nos aïeux sans faiblesse
Ont su avec courage, ardeur, pleins d’allégresse
Livrer au prix du sang des combats éclatants.
Accourez-vous aussi, bâtisseurs du présent,
Plus forts dans l’unité, chaque jour à la tâche,
Pour la postérité, construisez sans relâche !

Quand partout souffle un vent de colère et de haine,
Béninois, sois fier, et d’une âme sereine,
Confiant dans l’avenir, regarde ton drapeau !
Dans le vert tu liras l’espoir du renouveau,
De tes aïeux le rouge évoque le courage;
Des plus riches trésors le jaune est le présage.

Tes monts ensoleillés, tes palmiers, ta verdure,
Cher Bénin, partout font ta vive parure.
Ton sol offre à chacun la richesse des fruits.
Bénin, désormais que tes fils tous unis
D’un fraternel élan partagent l’espérance
De te voir à jamais heureux dans l’abondance.

Notre drapeau

Selon l’article Premier de la Constitution de la République du Bénin du 11 décembre 1990 qui le consacre comme Emblème national, Le drapeau du Bénin est composé, en partant de la hampe, d’une bande verte sur toute la hauteur et sur les deux cinquièmes de sa longueur, de deux bandes horizontales égales : la supérieure jaune, l’inférieure rouge.

La signification des couleurs est expliquée dans l’Aube Nouvelle, l’hymne national du Bénin.

  • Le vert rappelle l’espoir du renouveau démocratique.
  • Le rouge évoque le courage des aïeux.
  • Le jaune incite à conserver les plus riches trésors du pays.

Il est adopté le 16 novembre 1959 et utilisé pour la première fois le 1er août 1960. Il est abandonné en 1975 pendant la période marxiste de Mathieu Kérékou, puis réutilisé à partir du 1er août 1990.

Notre devise

Fraternité – Justice – Travail

Article by Virginie Palmier

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